Avec sa guitare et sa voix envoûtante, Savi, artiste passionné, nous embarque dans son univers musical unique. À travers son premier album Images d’âge, ses collaborations inspirantes et ses duos marquants, il ne cesse de nous surprendre. Nous avons eu le plaisir d’échanger avec lui pour parler de ses débuts, de ses inspirations et de son processus créatif. Auteur, compositeur et interprète, Savi est un artiste complet qui nous embarque à chaque morceau dans un voyage empreint de sincérité et de créativité. Découvrez donc l’interview de celui qui transforme les émotions en mélodies.
Peux-tu nous raconter comment tu as découvert la musique et ce qui t’a poussé à en faire ton métier ?
J’ai appris très tôt, je chantais beaucoup déjà lorsque j’étais enfant. Mes parents étant artistes, mon père est peintre et ma mère écrit des pièces de théâtre, j’ai grandi dans le monde artistique et la musique qui me touchait beaucoup. C’est donc pour cette raison que mes parents m’ont inscrit à une chorale et je suis tombée amoureux du chant comme ça !
Quel a été ton premier instrument, et comment as-tu appris à en jouer ?
J’ai été dans la chorale de mes 5 – 6 ans à mes 15 ans, ensuite j’ai appris à jouer de la guitare vers l’âge de 11 ans, en prenant des cours de musique dans une école d’abord. Au début, je n’ai pas tellement accroché parce que on abordait l’instrument de manière très classique mais ça a finalement vite pris dès que je me suis mis à apprendre seul à jouer des morceaux qui me plaisaient. A la base, je voulais apprendre à jouer du piano mais c’est une guitare que j’avais à la maison donc voilà !
À quel moment as-tu su que tu voulais poursuivre une carrière dans la musique ?
Je dirais que c’était au collège, en fin d’année de 4ème, lorsque j’ai monté un groupe de rock, j’ai su tout de suite que c’était ça que je voulais faire comme métier et je n’ai jamais plus changé de direction ! J’ai quitté le lycée avant le bac pour tenter un concours d’entrée dans une école privé de musique actuelle et j’ai été pris. J’ai intégré directement la seconde année, à 17 ans.
Quel est le rôle de la musique quand tu traverses un mauvais moment ?
Un rôle énorme, c’est mon repère. J’écris et je créé quand je ne vais pas bien, ça me permet de mieux comprendre mon mal-être et de le surmonter au mieux.
Comment décrirais-tu ton style musical à quelqu’un qui ne te connaît pas ?
Ah c’est un peu compliqué... On va dire que je fais de la chanson en passant par plein de styles musicaux, mais toujours au service des paroles. Je n’aime pas me mettre dans une case, j’aime plein de styles musicaux et ce qui me tient vraiment à cœur c’est la mise en chanson des paroles que j’écris. Pour cela, je passe par de la soul, de l’électro, de la pop, de la folk…
Peux-tu nous parler d’un moment marquant de ton parcours musical ?
La sortie de mon premier album en mars 2023, c’était un peu mon premier pas en solo dans le monde de la musique. J’ai écrit le texte de trois chansons : Missionnaire de l’ennui, Les nuits désolées, L’oiseau et le chien, j’ai aussi réadapté un poème de Rimbaud. Le dernier morceau, « son île » a une histoire un peu particulière également. En dehors des textes, j’ai composé musicalement tout l’album.
Quelle est l’histoire de ce dernier morceau ?
A la fin d’un concert, une dame est venue me voir pour me dire qu’elle adorait ma voix et elle m’a demandé de l’attendre un peu. Elle est revenue peu de temps après et m’a confié un texte, des paroles que son mari avait écrites pour elle il y a une vingtaine d’années. C’était une chanson d’amour et elle me l’a offerte pour que je la mette en chanson. C’était très touchant.
As-tu eu un retour de cette dame ?
Oui bien-sûr, nous nous sommes revus et nous sommes devenus amis. Elle m’a dit qu’elle avait adoré. J’ai pris le parti de faire chanter une femme sur ce morceau alors que c’est un homme qui l’a écrite pour une femme mais je trouvais intéressant d’aller à l’opposé. La chanson lui a beaucoup plu, elle a adoré mais elle m’a aussi dit qu’elle préférait quand c’est moi qui la chante. J’ai enregistré une version acoustique guitare-voix dans un studio parisien il y a peu de temps mais je ne sais pas encore quand elle sortira, ni même si elle sortira vraiment, c’est encore en réflexion.
Comment décrirais-tu ce premier album et ton cheminement ?
Je l’ai appelé Images d’âge parce que je l’ai composé en étant dans différents états d’esprit, c’est un peu comme une photo de l’époque où je l’ai composé. Il parle d’amour, il parle d’échecs, de rupture amoureuse aussi et ça fait un peu comme une vague. Je pars assez confiant, je vis des déceptions, je m’en relève mais je me rends compte de certaines réalités un peu tristes et puis le dernier morceau vient apporter une touche d’espoir pour rappeler qu’il n’y a rien de plus beau qu’un amour sincère.
Comment travailles-tu sur tes morceaux : as-tu une routine ou un processus créatif particulier ?
Je pense que ça dépend des périodes, c’est assez aléatoire. Si je me mets en tête de travailler sur des morceaux, c’est très régulier, je travaille quotidiennement dessus jusqu’à être satisfait. En ce qui concerne le processus créatif, tout dépend de mon inspiration. Si je rencontre une panne d’inspiration, ce qui arrive rarement, étant donné que je travaille avec le logiciel Ableton pour sculpter l’instrumental, je pars d’abord de la musique et me laisse porter par l’improvisation. J’ai aussi une sorte de banque de données dans laquelle je note toutes mes petites idées, j’enregistre chaque inspiration, y compris quand je travaille sur des morceaux et qu’il y a des parties que je trouve intéressantes, je stocke ce qui me permet de palier le manque d’inspiration quand il a lieu.
As-tu une préférence entre l’écriture et la composition ?
Non, c’est complètement aléatoire, parfois c’est la musique qui me vient en premier, d’autres fois ce sont des paroles, je n’ai pas de préférence, je fais plutôt ça à l’instinct.
Comment as-tu appris à composer ?
J’ai toujours eu un esprit créatif, quand j’étais plus jeune je dessinais beaucoup également. J’ai toujours aimé créer et quand j’ai senti que j’étais prêt à composer, je m’y suis mis tout simplement, je l’ai fait sans réfléchir instinctivement là aussi et je continue comme ça.
En fait, depuis tout petit j’ai toujours aimé créer. Je dessinais d’ailleurs beaucoup. Quand je me suis senti capable de composer, je l’ai fait, sans réfléchir et je continue ainsi.
Es-tu ouvert à l’idée de mettre en musique des chansons d’autres personnes de ton public comme tu l’as fait avec « Son île » ?
Sur mon prochain album, j’ai écrit tous les morceaux, j’essaie vraiment de perfectionner ma plume mais si on me propose un texte et que l’histoire et les paroles me plaisent, bien-sûr, je suis ouvert à l’idée !
Tu fais beaucoup de reprises, notamment en duo, comment choisis-tu les morceaux que tu veux reprendre et les artistes avec lesquels tu souhaites collaborer ?
Je m’informe beaucoup de ce qui se passe musicalement et artistiquement sur les réseaux sociaux, ce qui me permet de tomber sur plein d’artistes talentueux et talentueuses. Lorsque j’aime l’univers d’un artiste, je le ou la contacte tout simplement et je lui propose. Concernant le choix du morceau, c’est un échange entre l’artiste et moi. On discute de nos influences, de nos goûts et on fait le choix de morceaux ensemble.
Préfères-tu composer seul ou collaborer avec d’autres musiciens ? Pourquoi ?
Ce sont deux choses différentes, je n’ai pas de préférence. Composer à plusieurs c’est très intéressant car ça pousse à remettre en question ses idées, essayer de comprendre ce que veut l’autre et son univers donc c’est hyper enrichissant, j’adore ça ! Composer seul, c’est un peu une introspection, un échange avec soi même donc c’est intéressant aussi, j’aime beaucoup les deux.
Y’a-t-il une reprise en particulier que tu as préférée ?
J’ai adoré reprendre « Les gens qui doutent ». J’essaie de tenir une routine pour tourner et poster des vidéos régulièrement sur les réseaux sociaux donc au début, je piochais dans ma playlist, ce qui m’arrive encore, mais pour d’autres vidéos j’ai choisi des morceaux que j’ai déjà chanté et que j’adore depuis très longtemps comme c’est le cas de cette chanson.
As-tu appris à jouer du piano finalement ?
Non, je m’en sers pour composer dans certains cas de figure mais je ne suis pas bon au piano. C’est un instrument génial pour composer parce qu’il est très visuel, plus simple harmoniquement que la guitare ce qui me permet de changer de perspectives aussi.
Y’a-t-il un morceau en particulier que tu as aimé écrire plus que les autres ?
Pas spécialement. Je suis très investi dans l’écriture et la composition d’un morceau. C’est très dirigé, quand je commence j’ai besoin d’amener chaque morceau assez loin et donc je suis capable de l’écouter des centaines de fois pour voir comment m’y prendre et l’améliorer. Donc chaque morceau me tient à cœur finalement même si au fil des années et de mon évolution musicale je peux en préférer certains à d’autres. Sur le moment en tous cas, c’est toujours un plaisir énorme de composer, je ne saurais pas quoi faire d’autre.
Qu’est-ce qui te motive le plus dans ta pratique musicale : l’apprentissage, le partage, ou la création ?
La création, je pense de prime abord. C’est ce qui m’a amené à prendre la décision d’en faire mon métier. Pour moi, c’est un peu comme une séance de psy, je mets tout ce que je ressens dans mes chansons. Ensuite, arrive le partage, j’ai appris à jouer avec les autres et j’ai adoré ça. C’est ce qui est génial dans la musique, c’est que les perceptions changent. Au départ, c’était moi avec moi mais j’ai appris à la partager avec des gens qui vivent la musique de la même manière que moi. La musique c’est comme une rencontre, une discussion, dans laquelle il n’y a pas besoin de mots parce qu’elle est universelle.
Quels artistes ou genres musicaux t’inspirent le plus dans ton travail ?
J’essaie d’écouter un maximum d’artistes et de styles différents possibles parce que je pars du principe que c’est important dans mon métier. Il faut être une éponge pour être un bon musicien, pouvoir écouter tous les styles et tout ce qui se fait. En principe, les gens mettent toujours du cœur dans ce qu’ils font donc n’importe quel style est intéressant même s’il y a en a qui me plaisent moins que d’autres. J’écoute un maximum de choses différentes pour m’en imprégner donc non je n’ai pas d’artistes plus présent que d’autres dans mes inspirations mais j’en ai beaucoup !
Y’a-t-il des artistes émergents que tu voudrais faire connaitre ou que tu apprécies particulièrement ?
Bien-sûr, à peu près toutes celles et ceux avec qui j’e fais des duos ! Ce sont toutes des personnes incroyables et talentueuses. Il est possible de retrouver tous les duos sur mon compte Instagram.
Y’a-t-il un duo que tu as particulièrement aimé faire ?
Oui, celui avec Mioh ! Il s’est passé quelque chose de naturel, on s’est compris très vite musicalement et au niveau de la sensibilité. Avec Juliette Magnevasoa, c’était assez évident aussi. A chaque fois, c’est différent mais tout est intéressant donc je n’ai pas de préférences même s’il y a des artistes avec lesquels c’est plus naturel que d’autres.
Quel serait ton rêve en tant qu’artiste ? Une collaboration, une scène mythique, un projet spécifique ?
Parmi les rêves que je peux atteindre pour le moment, il y a la sortie de nouveaux morceaux qui devrait être pour 2025 même si je ne sais pas encore exactement à quelle période de l’année. J’ai écrit une dizaine de morceaux, je travaille sur une autre direction un peu plus électro, assez différente du premier album.
Comment utilises-tu Instagram pour partager ta musique et interagir avec ton audience ?
A l’origine, les réseaux sociaux ne m’attiraient pas du tout mais à l’heure actuelle, c’est une nécessité pour les jeunes artistes indépendants qui cherchent de la visibilité. Il a donc fallu que je m’y mette et je me suis demandé comment m’y prendre pour faire ne sorte que ça me plaise. Etant donné que ce qui me plait c’est le partage et la création, j’ai décidé de faire les duos. C’est ce qui m’a permis finalement de ne pas être seul dans cette expérience des réseaux sociaux et d’en faire quelque chose d’enrichissant.
Y’a-t-il des points négatifs à l’utilisation des réseaux sociaux ?
Ce qui peut être compliqué, c’est d’avoir une régularité or c’est important sur les réseaux pour ne pas perdre en visibilité. Qu’on soit bien ou pas, il faut publier quelque chose donc ça a parfois été difficile d’avoir cette rigueur mais j’en suis très content parce que cela m’a permis d’être en constante réflexion, création et d’être toujours en mouvement finalement.
Quels conseils donnerais-tu à des musiciens qui souhaitent se lancer sur les réseaux sociaux ?
Je dirais qu’il faut se lancer même si on a peur, être constant au maximum et ne pas faire des choses qui ne nous ressemblent pas même si ce sont des choses qui marchent. C’est ce que je conseille ne serait-ce que pour une question de bien-être personnel. Et puis persévérer, même si ça ne fonctionne pas tout de suite, ne pas s’arrêter au premier échec.
As-tu quelque chose à ajouter ?
Oui, je voudrais parler des femmes avec qui je chante en ce moment et des musiciens avec lesquels je joue. Je fais de la scène avec trois formules différentes : je joue seul ou en groupe avec un bassiste Valentin Millot, un batteur Antoine Le Gall, un claviériste Isaac Reynal, et, depuis peu, je chante avec deux jeunes chanteuses extraordinaires qui sont très talentueuses et avec qui le courant passe très bien et qui s’appellent Lilou Dupeyroux et Sarah Laumonier. J’ai d’ailleurs sorti deux compositions sur les réseaux sociaux avec elles dernièrement, qui illustrent bien mon univers je pense.
Si tu pouvais te décrire avec 3 chansons, quelles seraient-elles et pourquoi ?
C’est très, très dur comme question ! (rires) Je vais choisir « Les gens qui doutent » d’Anne Sylvestre, pour mon amour des mots et de la chanson française ; Long train running de Doobies Brothers parce que c’est le premier morceau qui m’a donné envie de faire de la musique mon métier ; Dare de Gorillaz parce que c’est mon groupe préféré et il m’inspire énormément dans ma démarche artistique et ma conception de la musique.